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UNIVERSITÉ LIBRE DE BRUXELLES

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Archives de l'Atelier - 2006

Droit et homosexualités en Belgique et en France

18 décembre

Nicolas Thirion (ULg)


Résumé
De la répression spécifique des relations homosexuelles ou de certaines de leurs modalités à la reconnaissance de l’homoparentalité, le discours juridique n’a cessé, depuis plusieurs décennies, de s’intéresser à la question gay et lesbienne. Il s’est, pour ce faire, essentiellement fondé sur deux modèles axiologiques. Le modèle pénal, d’abord, qui, après avoir assis son empire sur certains actes ou comportements sexuels, s’est aujourd’hui déplacé vers une lutte contre les discours homophobes ; le modèle civil, ensuite, par l’intermédiaire duquel une reconnaissance sociale progressive des relations homosexuelles - de certaines d’entre elles en tout cas, pour être plus exact – a pu être envisagée (ouverture du droit au mariage et à l’adoption en Belgique, PaCS en France). La conférence aura pour objet de synthétiser les résultats principaux de ces deux tendances, en s’efforçant d’en montrer tout à la fois les progrès et les limites.

Bio-bibliographie
Nicolas THIRION est actuellement chargé de cours à la Faculté de droit de l’Université de Liège, après avoir été aspirant au FNRS, chargé de recherches auprès de la même institution et chercheur résident à l’Université de Rennes-I. Ses domaines de spécialisation sont le droit économique et la théorie du droit.

Il a notamment publié :

  • « Foucault, le droit et la question gay », Le Banquet, 2004, n° 19-20, p. 361-379 ;
  • « Savoir juridique et souci de vérité », in Le droit sans la justice. Actes de la rencontre du 8 novembre 2002 autour du Cap des Tempêtes de Lucien François, Bruxelles :Bruylant, Paris : L.G.D.J., 2004, p. 147-161 ;
  • Entrée « contrat », in P. DURAND (coord.), Les nouveaux mots du pouvoir, Bruxelles : Aden, à paraître en janvier 2007 ;
  • « Isaac Bashevis Singer, ou la littérature comme illustration d’une théorie du droit » in Mélanges en hommage à Paul Martens, Bruxelles :Larcier, à paraître en 2007 ;
  • « Libéralisme économique et discours juridique. Autour du cours de Michel FOUCAULT au Collège de France, Naissance de la biopolitique », en cours de rédaction, à paraître en 2007.

L'articulation de l'égalité des sexes et de l'égalité des sexualités est-elle pensable?

11 décembre

Marie-Blanche Tahon (Université d’Ottawa)


Résumé
On peut faire l'hypothèse que la reconnaissance légale de l'égalité des sexualités supposait la reconnaissance légale de l'égalité des sexes : droit à la contraception qui disjoint sexualité et procréation ; égalité formelle des hommes et des femmes dans l'institution du mariage.
À partir du moment où, avec le droit à la contraception, a aussi émergé le droit à l'enfant rendu possible par l'assistance à la procréation, n'assiste-t-on pas à une réactualisation de "la différence des sexes" ?
L'exemple de la loi québécoise sur l'union civile (2002) sera exposé et utilisé afin de creuser ce questionnement.

Bio-bibliographie
Marie-Blanche Tahon est Professeure au Département de sociologie et d'anthropologie de l’Université d’Ottawa, où elle est titulaire de la chaire "Famille et politique en théorie sociologique". Elle est également chercheure affiliée au Centre interdisciplinaire de recherches sur la citoyenneté et les minorités (CIRCEM), dans la même université.

Sur cette thématique, ses publications comprennent notamment:
- Vers l'indifférence des sexes ? Union civile et filiation au Québec, Montréal, Boréal, 2004.
- Sociologie des rapports de sexe, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2003.
- La famille désinstituée. Introduction à la sociologie de la famille, Ottawa, Presses de l'Université d'Ottawa, 1995.

Traite et prostitution en débat: 1880 - 2003

9 novembre

Jean-Michel Chaumont (FNRS/UCL)

Discutante : Anne Van Haecht (ULB)


Résumé
Au fil de son exposé, Jean-Michel Chaumont s’attachera à reconstruire brièvement l’histoire des débats sur la traite et la prostitution de la fin du 19ème siècle à l’adoption de la Convention de 1949. Il sera question en particulier des acteurs belges qu’il a étudiés plus spécifiquement au cours de ses recherches. Il abordera ensuite certains éléments de comparaison entre les débats du passé et les débats contemporains prenant place autour de ces thématiques.

Brève bio-bibliographie
Jean-Michel Chaumont est philosophe et sociologue. Sa thèse de doctorat en philosophie (1989) a porté sur la critique de la modernité chez H. Arendt (publiée à l’Académie royale de Belgique) et sa thèse en sociologie (1995) traita des enjeux latents du débat sur la singularité de la Shoah. Elle fut publiée en 1997 sous le titre de : La concurrence des victimes. Génocide, identité, reconnaissance(La Découverte). Ancien collaborateur de la Fondation Auschwitz à Bruxelles, il est actuellement chercheur qualifié au Fonds national de la recherche scientifique depuis 1995. Il travaille également au sein de l’unité de sociologie à l’UCL, où il enseigne la sociologie historique.

Faire une histoire des masculinités, Genèse d'un champ et dialogue interdisciplinaire

10 octobre

Bruno Benvindo (ULB)

 
Résumé
« Un homme n’aurait pas idée d’écrire un livre sur la situation singulière qu’occupent dans l’humanité les mâles ». Nombreux sont les sociologues, philosophes, psychologues et anthropologues qui, depuis plusieurs décennies, ont fait mentir Simone de Beauvoir. Ce sont désormais des bibliothèques entières qui sont consacrées aux hommes en tant qu’êtres sexués, et encore ne parle-t-on ici que des écrits émanant du champ académique.
Cet exposé s’attachera à retracer l’émergence des men’s studies et s'interrogera sur l'apport spécifique des historien-ne-s. L'histoire est longtemps restée étrangère à cette vogue des études sur les masculinités. Ce n’est que depuis quelques années que des historien-ne-s semblent avoir pris conscience que les hommes ont, eux aussi, une histoire. Cette historicisation, en cours, du masculin révèle, par jeu de miroir, certaines impasses, à la fois des pratiques historiennes et des études sur le masculin. Seront notamment analysés le dialogue entre histoire et sciences sociales, la spécificité de la méthode historique, le passage des études sur les femmes à celles sur le genre, ainsi que les contextes sociaux irriguant la production des savoirs.

Bio/Bibliographie
Bruno Benvindo est historien à l’Université libre de Bruxelles. Ses recherches portent sur l’histoire du genre, du corps et de la guerre. Il termine actuellement une thèse de doctorat consacrée aux masculinités en Belgique durant la première moitié du XXe siècle. Ce travail, qui s’intègre au sein du projet interdisciplinaire ARC « La mère et le soldat », place en son centre les processus sociaux et culturels de (dé)construction de la masculinité hégémonique.
Outre divers articles, il a publié un ouvrage intitulé Des hommes en guerre. Les soldats belges entre ténacité et désillusion, 1914-1918, Bruxelles, Archives générales du Royaume, 2005.

Démocratie sexuelle et question raciale

28 septembre

Eric Fassin (Département de sciences sociales, Ecole normale supérieure, Paris)


Résumé
Au début de son procès, Zacarias Moussaoui déclare : " Je ne suis pas français, je ne serai jamais un Français. Je suis là seulement en tant que musulman. Je n'ai rien à voir avec une nation de croisés homosexuels. ". Et de traiter un de ses avocats, nippo-américain, de "geisha". Pour comprendre ce discours, il convient d'analyser l'utilisation actuelle des discours de la démocratie sexuelle (liberté sexuelle, égalité entre les sexes et les sexualités) comme des armes brandies au nom de l'Occident contre les musulmans.
C'est vrai par exemple dans les politiques d'immigration et de naturalisation, au Bade-Wurtemberg, ou de manière exemplaire aux Pays-Bas : on se proclame d'autant plus antisexiste et homophile que c'est une manière de se poser contre l'étranger musulman. En France, on l'a vu avec le voile, mais aussi à propos des violences sexuelles, le discours républicain se métamorphose ainsi aujourd'hui pour se réclamer de la démocratie sexuelle.
La croisade sexuelle, au niveau national comme au niveau international, ne doit donc pas être comprise comme le reflet de divergences culturelles ancrées d'un côté dans la tradition musulmane, de l'autre dans la démocratie occidentale. C'est la réactivation d'un discours colonial, actuel avatar de la modernisation, qui contribue à constituer des sujets et à produire des identités.
Certains, comme Moussaoui, endossent à la perfection le rôle de l'autre de l'Occident; barbare rejetant la démocratie sexuelle. Mais pour beaucoup de sujets postcoloniaux aujourd'hui, les pratiques et discours sexuels doivent être davantage compris comme un effort pour négocier une position qui ne se réduise pas à cette alternative, quitte à emprunter simultanément à ses deux termes (en particulier, en conjuguant des revendications d'égalité et de chasteté).
Il ne s'agit pas de renoncer à la démocratie sexuelle, sous prétexte qu'elle est instrumentalisée à des fins racistes, mais en même temps que d'en suivre les effets, de pointer les contradictions de tels usages.

Bio/Bibliographie
Eric Fassin est sociologue et américaniste. Il a enseigné aux Etats-Unis de 1987 à 1994 (il a été pendant 5 ans directeur adjoint de l'Institut d'études françaises de New York University). Depuis 1994, il est professeur agrégé à l'école normale supérieure, où il a coordonné le DEA de sciences sociales ENS / EHESS jusqu'en 2005. Il est également chercheur, rattaché à l'UMR Genèse et Transformation des Mondes Sociaux (CNRS / EHESS). Il anime chaque année un séminaire sur la politisation des questions sexuelles, en France et aux Etats-Unis (mariage homosexuel, parité, pornographie, prostitution, harcèlement sexuel, violences envers les femmes, etc.). Ses recherches portent également sur la sociologie des intellectuels (débats sur la culture, "politiquement correct", statut de l'expertise dans le débat public), la politique des "races" (discours savants sur les races, discrimination et discrimination positive), l'anthropologie des relations amoureuses (le date et la demande en mariage aux Etats-Unis), ainsi que des transformations de la conjugalité, de la filiation et de la reproduction. Il dirige la collection "Genre et sexualité" aux éditions La Découverte (premier volume : automne 2006).
Son livre (avec Clarisse Fabre) : Liberté, égalité, sexualités. Actualité politique des questions sexuelles (Belfond / Le Monde, 2003) a été réédité en version augmentée (10/18, 2004). Il prépare un essai comparatiste, dans sa version américaine : Same Sex, Different Politics : Comparative Politics of "Gay Marriage" (Duke University Press), et dans sa version française : Politique comparée du "mariage gay" (Fayard). Il a co-dirigé (avec Daniel Borrillo et Marcela Iacub) Au-delà du PACS : l'expertise familiale à l'épreuve de l'homosexualité, PUF, 1999 (deuxième édition : 2001). Parmi ses publications, deux dossiers dans des revues : "Qu'est-ce qu'un événement ?" (avec Alban Bensa), Terrain, 38, mars 2002, et "La parité en pratiques " (avec Christine Guionnet), Politix, vol. 15, n°60, 2002. Il a préfacé la traduction française de Gender Trouble, de Judith Butler (La Découverte, 2005). Il a publié en septembre 2005, un recueil d'articles : L'inversion de la question homosexuelle (Amsterdam). à paraître : De la question sociale à la question raciale ? Représenter la société française, dir. Didier Fassin et Eric Fassin, La Découverte, 2006.

L'ouverture de l'adoption aux couples de même sexe

25 mai

Cathy Herbrand, Auteure, aspirante du FNRS, Centre de Sociologie de l'éducation, ULB

Dans le cadre de la semaine Arc-en-Ciel et suite au dossier de Cathy Herbrand
paru au Courrier Hebdomadaire du CRISP n°1911-1912, 2006.

Avec la participation de Etienne Arcq, président de séance, rédacteur en chef du Courrier Hebdomadaire du CRISP et David Paternotte, discutant, aspirant du FNRS, Centre de Sociologie politique, ULB

Résumé
Il y a peu de temps encore, l'idée d'ouvrir l'adoption aux couples homosexuels semblait irréaliste, voire inconcevable. Pourtant, le 1er décembre 2005, au terme d'un parcours législatif tumultueux, une proposition de loi l'autorisant est votée à la Chambre, marquant ainsi un pas symbolique vers l'acceptation et la reconnaissance de la diversité des formes familiales et des modes de vie actuels. Cinq mois plus tard, la loi est adoptée au Sénat. Au-delà de la suppression d'une restriction inscrite àl'égard d'une minorité, le projet soulève des enjeux fondamentaux par ses implications symboliques et les valeurs mises au centre des décisions. A la jonction du privé et du public, la question touche en effet à des domaines aussi délicats que la famille, l'enfant ou la sexualité et interroge dès lors chacun dans ses convictions personnelles. Elle interpelle également tout citoyen sur son rapport et ses attentes à l'égard de cette institution fondamentale qu'est la famille. Cette étude, dont le point d'ancrage se veut davantage sociologique, retrace le parcours délicat de la proposition de loi et tente de faire le bilan des argumentations et des événements marquants des débats parlementaires, tout en resituant ceux-ci dans un contexte politique et social plus large.

Reproduction contre accumulation : pour une nouvelle intégration des problématiques "femmes" et "développement"

18 mai

Florence DEGAVRE (ULB / UCL)

Résumé
Dans la littérature sur le développement, et particulièrement en économie, il est généralement fait référence au projet de modernisation capitaliste - ou à ses nombreuses reformulations contemporaines - comme horizon vers lequel tourner les politiques et projets de développement. Cette référence à l'approche conventionnelle devient cependant de plus en plus problématique, à la fois parce que la modernisation s'avère décevante pour une grande partie de la population du Sud et parce que, à l'échelle de la planète, elle engendre des problèmes tels qu'ils pèsent sur la viabilité de nos sociétés. Cette thèse examine comment certains courants non conventionnels sur le développement dans les contextes Sud mais également les théories féministes depuis les années 1965 peuvent contribuer à la reconstruction d'une approche originale du concept de développement.

Un des traits communs de ces travaux est d'identifier des pratiques et comportements économiques « qui comptent » pour la sécurité d'existence des populations, où les femmes jouent un rôle fondamental, mais qui ont été mis hors champ de l'approche conventionnelle sur le développement. C'est précisément sur ces pratiques rendues invisibles que mon intervention s'appuiera pour redéfinir le développement, plus particulièrement dans les contextes Nord.

A travers un détour par les réalités du Sud, je tenterai en effet de jeter un autre regard sur les problèmes sociaux qui prennent de plus en plus d'importance dans les pays occidentaux. Ainsi, du questionnement du rôle des femmes dans l'aide et le soin surgit l'importance de la reproduction du lien social comme facteur de sécurisation. Ces pratiques de « care », dont la dimension de soin aux personnes âgées est plus particulièrement traitée ici, révèlent une demande locale de développement, privilégiant le souci de cohésion sociale par rapport à l'extension des comportements marchands. A partir de là, j'identifie le concept de « reproduction étendue du vivant » comme terme pour désigner les pratiques et comportements humains qui concourent à la reproduction du lien social et à la reconstitution d'un territoire de vie.

Bio/bibliographie
Economiste de formation, Florence Degavre est docteure en Sciences sociales de l'Institut d'Etudes du Développement de l'UCL. Elle y a défendu une thèse intitulée Enjeux du développement dans les contextes Nord. Le rôle des femmes dans le care et la reproduction du lien social en 2005, dont certains axes seront présentés dans l'Atelier. Elle est également l'auteure de plusieurs articles sur les femmes, sur le care et sur le développement. Très active au sein de l'Université des Femmes (Bruxelles), elle est chargée de cours à l'UCL et, depuis peu, chercheurse en post-doctorat au GRAID (Groupe de Recherche sur les Acteurs Internationaux et leurs Discours) de l'Institut de Sociologie de ULB (Prospective Research for Brussels post-doctoral fellowship).

24 avril

La pornographie est-elle un crime au sens durkheimien ? Tensions entre érotisme et pornographie

Claude Javeau, professeur émérite à l'ULB

Résumé
Selon Durkheim, le crime est un acte qui rompt la cohésion sociale et qui suscite une réaction qui vise à rétablir cette cohésion. La pornographie, qui consiste à représenter selon l'une ou l'autre forme d'expression, mais de manière explicite, des comportements sexuels humains, rompt cette cohésion dans le domaine des représentations. Cette rupture n'est pas ressentie de la même façon selon les groupes sociaux. Une réflexion approfondie sur la différence entre "érotisme" et "pornographie", basée sur la notion de "présence réelle", permet de définir les conditions dans lesquelles l'invocation à la position durkheimienne peut passer pour pertinente.

Bibliographie sommaire
BAUDRY, P., La Pornographie et ses images, Paris, Armand Colin, 1997.
ETIEMBLE, L'Erotisme et l'amour, Paris, Arléa, 1987.
JAVEAU, Cl., Deux Images et le désir, Bruxelles, La Lettre volée, 1999.
MARZANO, M., La Pornographie ou l'épuisement du désir, Paris, Buche
Chastel, 2003.
MAYNE, G., Pornographie, violence obscène, érotisme, Paris, Descartes &
Cie, 2001.

30 mars

Usagers vulnérables,citoyens capables. L'économie morale de l'action publique : le cas de la prévention du VIH/sida en Belgique

Fabrizio Cantelli (ULB/FUSL)

Résumé
Etre responsable, être capable, se gérer, avoir confiance, faire face, etc. L'orientation actuelle des politiques publiques semble s'infléchir dans le sens d'une responsabilisation accrue des citoyens. Cette donne se manifeste encore plus largement pour les individus en situation de précarité sociale et de vulnérabilité. Faut-il y voir exclusivement une "normalisation" des conduites ? Comment la science politique peut-elle intégrer cette problématique et opérationnaliser un travail de recherche ? S'appuyant sur les travaux d'une recherche doctorale, nous proposerons plusieurs pistes de réflexion à partir du cas de la prévention du VIH/sida en Belgique. Il s'agit d'analyser comment la prévention au concret révèle une économie morale singulière dans l'action publique, se traduisant par une série d'objets, de gestes, d'incitations normatives qui incitent les individus vulnérables à apprendre à gérer les risques. Enfin, cette communication va montrer en quoi l'étude de la gestion publique des sexualités constitue un "analyseur" stimulant pour théoriser les transformations du politique et de la subjectivité.

Bio/bibliographie
Fabrizio Cantelli vient de défendre une thèse de doctorat en sciences politiques intitulée Pragmatique de l'action publique : Etat réflexif, subjectivité et délibération. Le cas de la prévention du VIH/sida en Belgique. Il est assistant en sciences politiques à l'Université Libre de Bruxelles (ULB) et aux Facultés universitaires Saint-Louis (FUSL). Il mène des recherches à l'ULB au sein du Groupe de Recherche sur l'Action publique (GRAP) et aux FUSL au Centre de Recherche en Science Politique (CRESPO). Il finalise deux ouvrages collectifs, Les constructions de l'action publique, avec Steve Jacob et Jean-Louis Genard, à paraître chez L'Harmatthan ainsi que, Action publique et subjectivité, avec Jean-Louis Genard, à paraître chez LGDJ. Il a coordonné, Syndicats et société civile : des liens à (re)découvrir, (Labor, 2003). Il a publié dans plusieurs revues, dont Revue suisse de science politique, Droit et société, La Revue du MAUSS, Revue roumaine de science politique et Ethique publique.

15 février

Enquêter sur le processus juridico-politique de la reconnaissance des couples homosexuels à Genève

Marta Roca i Escoda (Université de Genève)

Résumé
Jeune docteure de l'Université de Genève, Marta Roca i Escoda reviendra sur le parcours intellectuel et méthodologique de sa thèse. Dans cet exposé, elle tentera de rendre compte de la manière par laquelle elle a tenté de comprendre le phénomène social et politique suivant : la création de la loi sur le Partenariat Enregistré dans le canton de Genève ; une loi qui touche la famille et trouble par ce contact ses configurations normatives. C’est dans cette volonté de transparence des choix et des doutes du chercheur quant à ses postures méthodologique et théorique, qu'elle re-décrirera les premières étapes de son cheminement. Ce parcours la conduira notamment à s'interroger sur l'usage de la notion d'hétéronormativité, souvent transformée en catégorie omni-explicative et à plaider pour une approche plus pragmatique des phénomènes sociaux.

Bio/Biographie
Licenciée en sociologie de l’Universitat Autonoma de Barcelona, diplômée en sociologie et en Etudes Genre à l’Université de Genève, Marta Roca i Escoda a été assistante en Etudes Genre pendant quatre ans et est actuellement collaboratrice scientifique au sein du département de sociologie de l’Université de Genève. Elle s’occupe notamment de la coordination du réseau européen «Pour un espace des sciences sociales européen», sous la direction de Franz Schultheis.
Elle vient de terminer une thèse intitulée Mise en jeu et mise en cause du droit dans le processus de reconnaissance des couples homosexuels. Le cas de la confection de la loi du Partenariat Enregistré dans le canton de Genève et a notamment publié dans la Revue suisse de sociologie. Elle a fait partie du comité de rédaction de l’Emilie et appartient au comité de rédaction de la revue Nouvelles Questions Féministes.

7 février

Pour une sociologie des études de genre en Europe centrale et orientale

Ioana Cîrstocea (Institut d’Etudes Sud-Est Européennes de Bucarest, GASPPECO - ULB)

Résumé
Un domaine de recherche et d’enseignement étiqueté « études sur le genre » ou « études féministes » s’est institutionnalisé pendant la décennie 1990 dans les pays de l’Europe centrale et orientale (PECO). Les travaux de ce type, fonctionnant souvent à des fins d’expertise et se donnant pour but de contribuer à améliorer la condition des femmes, se situent au cœur des programmes de recomposition sociale et politique à la sortie du communisme. Mises en place par des agents qui investissent simultanément plusieurs espaces sociaux (scientifique, associatif et politique), les études féministes se trouvent au croisement de logiques savantes et militantes, nationales et internationales. Cela en fait un révélateur de la refonte des sciences sociales, de l’émergence de nouveaux champs d’interrogations, de la circulation internationale et de l’importation de problématiques et préoccupations scientifiques, enfin, des recompositions des élites savantes dans les PECO. Ici, je me propose de tracer quelques directions de réflexion pour construire un objet d’étude sociologique autour de la constitution des études féministes en tant que nouveau domaine de production de connaissances.

Bio/bibliographie
Docteure de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (Paris) en 2004, Ioana Cîrstocea a fait des études en lettres et en études culturelles françaises à l'Université de Bucarest, ainsi qu'un DEA à l’Ecole Doctorale Régionale en Sciences Sociales (Agence Universitaire de la Francophonie, Bureau Europe Centrale et Orientale - Bucarest) et un DEA en sociologie à l'EHESS, où elle a également été allocataire de recherche (Centre de Sociologie européenne). Elle a en outre été chargée d'enseignement à la Faculté des Sciences politiques de l'Université de Bucarest. Elle réalise actuellement des études postdoctorales à l'ULB (GASPPECO) et fait partie de l’Institut d’Etudes Sud-Est Européennes de Bucarest. Auteure d'une dizaine d'articles, elle a codirigé avec Ionela Baluta l'ouvrage Directii si teme de cercetare în studiile de gen în România (Directions et thèmes de recherche dans les études sur le genre en Roumanie), Bucarest: New Europe College-Ecole Doctorale Régionale en Sciences Sociales, 2003 et a publié Le genre de la ’transition’ : femmes, féminismes, solidarités féminines en Roumanie postcommuniste, Bruxelles: PUB, 2006.

23 janvier

Les femmes et l’"effet plafond de verre" : l’impact des normes et de l’identification de genre dans les dynamiques de mobilité sociale ascendante

Annalisa CASINI, Doctorante, Groupe de Psychologie Sociale - Institut de Sociologie de l'ULB

Résumé
Cet exposé aura pour sujet principal l'analyse des obstacles formels et informels rencontrés par les femmes dans le monde du travail dans notre société contemporaine. Nous commencerons par présenter un tours d'horizon des recherches en sciences humaines concernant le " genre " en général ainsi que son impact sur la sphère professionnelle, tout en mettant un accent particulier sur la façon d'appréhender ces questions par la psychologie sociale. Nous soulignerons l'idée que, bien que l'opposition bipolaire entre masculin et féminin puisse s'appuyer sur un indice biologique (i.e. le système reproductif), en général elle renvoie à des impératifs de nature plutôt normative. Nous proposerons ainsi une série de réflexions sur la construction sociale du concept de « genre » (processus de socialisation, influence du milieu social, impact des médias), sur la formation et le maintien des stéréotypes masculin et féminin tout en soulignant que, plutôt que d'opposition, il convient de parler d'asymétrie entre hommes et femmes en matière de statut social.
Nous proposerons de discuter de l'impact des " normes de genre " sur l'univers du travail (e.g., ségrégation horizontale entre hommes et femmes au travail, « plafond de verre »), et nous formulerons l'hypothèse de l'existence d'un véritable " dilemme moral " présent chez les femmes lorsqu'elles sont confrontées à l'impératif contemporain de l'émancipation et de la réalisation de soi aussi bien dans le domaine professionnel que privé. Nous illustrerons notre propos à l'aide d'exemples tirés de nos propres recherches.

Bio/bibliographie
Annalisa Casini est licenciée en psychologie du travail et des organisations (Université de Padoue, Italie) et actuellement assistante et doctorante en psychologie sociale à l’Université Libre de Bruxelles. Ses intérêts de recherche portent sur les stratégies de mobilité sociale et de changement social, en particulier en ce qui concerne les femmes, le développement de nouvelles identités (e.g. identité Européenne) ainsi que les méthodes d’analyses textuelles dans l’étude des représentations sociales. Active dans le monde associatif, elle a dispensé nombre de cours de sensibilisation aux problématiques liées au genre et à l’égalité de chance entre hommes et femmes ainsi que enseigné lors de journées de formation destinées aux chercheurs/euses d’emploi.

  • Sanchez-Mazas, M., & Casini, A. (à paraître). "To climb or not to climb?" When minorities stick to the floor. In F. Buttera & J. Levine (Eds.), Coping with Minority Status: Responses to Exclusion and Inclusion. Publication prévue en 2006.

  • Casini, A., & Sanchez-Mazas, M. (à paraître). "Un regard à travers le « plafond de verre » : mécanismes psychosociaux impliqués dans la sous-représentation des femmes au sommet de la hiérarchie professionnelle". Les Cahiers de l'Ergologie; Publication prévue en 2006.

  • Casini, A., & Sanchez Mazas, M. (2005). "" Ce poste n'est pas fait pour moi ! " : l'impact de la culture d'entreprise et de l'adhésion aux rôles de genre sur la mobilité professionnelle ascendante". Cahiers Internationaux de Psychologie Sociale, 67/68, 101-112.

  • Sanchez-Mazas, M., & Casini, A. (2005). "Egalité formelle et obstacles informels à l'ascension professionnelle: les femmes et l'effet "plafond de verre"". Vol. 44(1); 141-173. Social Science Information/sur les sciences sociales.

https://ags.phisoc.ulb.be/archives-de-latelier/archives-de-latelier-2006