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Dépénalisation de l’homosexualité et reconnaissance du couple de même sexe en Europe occidentale
14 décembre
Maks Banens
(Université Lyon 2)
salle Doucy
Résumé
La récente vague de reconnaissance juridique du couple de même sexe, en Europe occidentale, a été étudié par de nombreux observateurs. Les variantes nationales s’opposent selon différents critères : précocité ou retard de la reconnaissance, couverture complète ou partielle des droits, proximité ou distance symbolique vis-à-vis du mariage hétérosexuel, etc. Un critère, toutefois, semble indiquer une opposition fondamentale entre Europe du Nord et Europe du Sud, car il reprend exactement l’opposition historique entre pays de dépénalisation précoce et pays de dépénalisation tardive. C’est l’opposition entre la reconnaissance du couple de même sexe dans le cadre d’un dispositif universaliste, c’est-à-dire ouvert à tous les types de couple, et celle qui s’est faite par la création d’un dispositif séparatiste, ouvert aux seuls couples de même sexe.
La correspondance entre dépénalisation précoce et reconnaissance universaliste d’un côté, dépénalisation tardive et reconnaissance séparatiste de l’autre, semble s’expliquer d’abord par l’opposition entre l’Europe catholique et l’Europe protestante. Elle se précise quand on étudie le rôle du Code napoléon dans la partie catholique de l’Europe. Mon hypothèse est qu’il faudrait rajouter un troisième niveau d’explication, celle de la gestion sociale de la sexualité. Trois acteurs se disputent cette gestion : les églises, les (pères de) familles et les Etats. Les Etats catholiques, en réduisant le rôle de l’Eglise dans les champs économiques et politiques, se sont retirés de la gestion de la sexualité, laissant l’Eglise face à face avec les familles. Les pères des familles, déchristianisés dès le 18ème siècle, ont exigé et obtenu des Etats un pouvoir quasi-absolu sur leur sexualité extraconjugale, ce dont a bénéficié l’homosexualité. Les Etats protestants, eux, se sont appuyés au contraire sur leurs églises, ce qui a sensiblement réduit le pouvoir individuel des pères de familles. La condamnation de la sexualité extraconjugale n’est pas restée religieuse, elle a été relayée par les Etats.
Bio/Bibliographie
Après une formation en philosophie (Université de Groningen) et en démographie historique (Université de Bordeaux et de Pau), Maks Banens est aujourd'hui enseignant-chercheur à l'Université de Lyon 2. Ses domaines de recherche concernent notamment l'histoire de l'homosexualité (De Homo-aversie, Huig 1981 ; Nouvelles Visibilités, Nouvelles Discriminations ?, Rapport de recherche MiRe-Drees, 2008, avec R. Mendès-Leite) et la sociologie de la sexualité (Vivre avec le VIH, Calmant-Lévy 2006, avec R. Mendès-Leite). Pour plus d'informations : www.banens.fr