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Prévention et sexualité gay : entre prévalence et autonomie

Publié le 20 mai 2010 Mis à jour le 29 septembre 2023

20 mai

Laurent GAISSAD
Journée organisée par l’Atelier Genre(s) et Sexualité(e), avec le concours du Groupe de Recherche sur l’Action Publique (ULB) et de l’Observatoire du Sida et des Sexualités (FuSL)

Présentation

À l’occasion de la venue de David M. Halperin à Bruxelles autour de son dernier livre What do gay men want ? An essay on sex, risk, and subjectivity (The University of Michigan Press, 2007)*, cette journée se veut une occasion de faire le point sur l’actualité socio-anthropologique et politique des questions liées à l’homosexualité masculine en temps d’épidémie. Au lendemain d’une période dite de normalisation du sida (depuis l’arrivée des traitements antiviraux hautement actifs en 1996), l’urgence à contrer ce que certains commentateurs perçoivent comme une rechute (relapse) des comportements à risque chez les gays a conduit, en particulier, à une remédicalisation des conduites, à nouveau saisies au prisme de la psychologie et du droit. L’émergence du bareback, comme objet médiatique et point de cristallisation de débats et de conflits, viendra troubler à la même période les optiques préventives révélant brutalement la complexité d’une gestion « raisonnée » de la sexualité et des risques.
Ayant fait l’objet d’un avis de la Commission fédérale suisse pour les problèmes liés au sida en 2008, et reconnue par le Conseil National du Sida français en 2009, l’efficacité des traitements en termes de moindre infectiosité des séropositifs, donne aujourd’hui à repenser la prévention. Dans ce contexte, la confrontation des toutes dernières enquêtes épidémiologiques menées en Europe à l’appropriation de leurs résultats par des collectifs d’hommes gays séropositifs sera abordée lors de cette journée, aussi bien pour son intérêt méthodologique que pour ses enjeux en termes d’action publique.

Comment rendre compte dès lors de la fabrique des expertises dans différentes arènes (politiques, scientifiques, militantes, intimes) ? Quelle est la portée éthique et méthodologique des enquêtes qui les soutiennent ? Enfin, comment penser l’autonomie nécessaire à la réduction des risques sexuels à l’heure d’un tournant pénal et d’une approche psychologique qui simultanément s’en prévalent ?

* HALPERIN D., Mais que veulent les hommes gays ? Sida et subjectivité, à paraître en 2010

Programme

Matinée

09h30 Accueil et allocution d’ouverture.
Discutant : Vincent DOURIS, Sidaction (FR)
10h00 Annie VELTER, Institut National de Veille Sanitaire, Paris. L’enquête Prévagay : Questions de méthode et résultats d’une plongée épidémiologique in vivo à Paris.
10h20 Wim VAN DEN BERGHE, Institut de Médecine Tropicale, Anvers. FAQ IT : Une étude de prévalence du VIH dans le milieu gay en Flandres (Anvers, Gand)
10h40 Tom PLATTEAU, Institut de Médecine Tropicale, Anvers. Outreach testing: Breaking down barriers of HIV/STI testing.
11h00 Questions et débat
12h00 Repas

Après-midi

Discutante : Marta ROCA i ESCODA, GRAP-ULB
13h30 Jean-Yves LE TALEC, Université de Toulouse le Mirail, Toulouse. Le bareback. Réflexion socio-historique sur une notion écran.
13h50 Erwin ABBELOOS et Olivier JABLONSKI, The Warning, Paris & Bruxelles. Autour du rapport Lert-Pialoux. L'avant et l'après d'une révolution du modèle préventif.
14h10 Charlotte PEZERIL, Observatoire du Sida & des Sexualités, et Laurent GAISSAD, LAMC-ULB, Bruxelles. La séropositivité entre santé sexuelle et pénalisation.
14h40 Pause café
15h00 Questions et débat
16h00 Vladimir MARTENS, Observatoire du Sida et des Sexualités, Bruxelles. Eléments de synthèse et mises en perspectives pour la recherche et l’action.
16h30 Clôture
18h00 Conférence de David HALPERIN, University of Michigan « Mais que veulent les hommes gais ? Sida et subjectivité »

Introduit par David PATERNOTTE, FNRS-ULB.
Discutant : Rudi BLEYS, chercheur indépendant, Anvers
Comité d'organisation: Laurent Gaissad, Marta Roca i Escoda, Cathy Herbrand, David Paternotte, Annalisa Casini (University of Michigan)

David Halperin

Résumé

Les homosexuels sont-ils malades ? Depuis la libération gaye, la réponse éclairée à ces question a été un non éclatant. Mais les temps ont changé. De récents efforts pour analyser les motivations des hommes gays à prendre des risques dans le contexte de l’épidémie de vih/sida ont conduit à la renaissance de la pensée médicale sur l’homosexualité et ont insufflé une nouvelle vie aux clichés punitifs sur l’estime de soi prétendument faible des hommes gays, le manque d’autocontrôle et des « déficits » psychologiques variés. Cette conférence offre un autre langage pour décrire les vies intérieures des hommes gays. A travers la lecture provocatrice et souvent remuante d’auteurs comme Marcel Jouhandeau ou Jean Genet, elle montre comment la longue histoire des usages de l’« abjection » par les hommes gays peut fournir des modèles alternatifs, non moralistes, pour penser la subjectivité gaye masculine.

Bio/Bibliographie

David M. Halperin est W. H. Auden Collegiate Professor d’histoire et de théorie de la sexualité à l’University of Michigan à Ann Arbor (Etats-Unis), où il enseigne aussi la langue et la littérature anglaise, les women studies, la littérature comparée et les études classiques. Il est le coéditeur de Before Sexuality (1990), The Lesbian and Gay Studies Reader (1993), and Gay Shame (2009). Il a participé à la fondation et codirigé pendant quinze ans la revue GLQ: A Journal of Lesbian and Gay Studies. Ses nombreux livres comprennent Saint Foucault (1995), How to Do the History of Homosexuality (2002), What Do Gay Men Want? (2007; 2d ed. 2009) et How To Be Gay (en cours de publication).