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Anges et démons: les femmes colons, indigènes et métisses à l’épreuve des mœurs sexuelles dans la société coloniale des Indes néerlandaise

Publié le 31 mars 2011 Mis à jour le 29 septembre 2023

31 mars

Stéphanie Loriaux
(Université libre de Bruxelles)
Salle Henri Janne (15è étage)

Résumé

Le rôle et la place octroyés aux femmes au sein de la société coloniale des Indes néerlandaises ne peuvent être qualifiés que de marginaux, quels que soient le groupe ethnique ou la classe sociale auxquels elles aient appartenu. Qu’il s’agisse de femmes européennes, indigènes ou métisses, qu’elles aient été épouses ou filles de hauts fonctionnaires ou de planteurs, concubines ou simples domestiques, toutes ont mené une existence en marge de la société coloniale dirigée et gérée par les hommes, tantôt comme faire-valoir social, tantôt comme esclave sexuelle, toujours comme citoyenne de second rang. De ces rôles préétablis ne subsistent aujourd’hui que des images caricaturales, aussi étriquées que le carcan moral et social dans lequel elles étaient enfermées : l’épouse hollandaise farouche et dévouée, la concubine javanaise docile et jalouse ou la maîtresse métisse capricieuse et sulfureuse.
La littérature féminine coloniale regorge de ces personnages féminins dont la fonction principale est de rendre plus douce, plus aisée ou moins monotone la vie des colons blancs. Entre acceptation et résignation, entre révolte et rivalité, elles mènent toutes le même combat inégal pour le respect de leurs droits.
Contrairement à leurs collègues masculins, les écrivaines coloniales néerlandaises ne nous montrent pas seulement le destin sexuel de ces femmes, elles portent également un autre regard, souvent plus critique, parfois moins objectif, mais toujours sans complaisance sur toutes celles qui ne furent tolérées aux Indes que par la grâce de leur beauté, de leur docilité ou de leurs mœurs soi-disant légères.

Bio/bibliographie

Stéphanie Loriaux est Professeure Assistante et enseigne la littérature néerlandaise et l’histoire de la littérature néerlandaise à l’Université libre de Bruxelles. Sa thèse de doctorat portait sur la production littéraire des premières écrivaines coloniales en rapport avec les Indes néerlandaises et paraîtra prochainement. Ses recherches se concentrent sur la littérature coloniale et postcoloniale de langue néerlandaise, en particulier sur les ouvrages des écrivain-e-s dit-e-s ‘de la deuxième génération’. Ses autres domaines de recherche concernent la littérature féminine contemporaine de langue néerlandaise et la littérature des écrivains dits ‘multiculturels’ ou ‘allochtones’.Stéphanie Loriaux est également la présidente francophone de Sophia, le réseau belge de coordination des études de genre, co-fondatrice de l’Unité de recherche transversale ‘SAGES’ (Savoirs, Genre et Société) de la faculté de Philosophie et Lettres de l’ULB et co-présidente de ‘Grabuges’ (Groupe belge associatif et interuniversitaire en études féministes, de genre et sur les sexualités) et du Groupe de contact FNRS associé « Genre : des théories aux stratégies de recherche ».