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Se dire lesbienne : Vie de couple, sexualité représentation de soi

Publié le 7 février 2011 Mis à jour le 29 septembre 2023

7 février

Natacha Chetcuti
(INSERM)
Discutante : Irène Kaufer
Salle Henri Janne (15è étage)

Résumé

Qu’en est-il des modes d’expression des lesbiennes dont l’élaboration s’inscrit dans et contre une invisibilisation propre au lesbianisme. Invisibilisation attachée au statut social femme et aux contraintes liées aux inégalités sociales persistantes, modelées par des avantages sociaux favorisant davantage les gays que les lesbiennes. Qu’en est-il des manières de vivre le couple, de penser la sexualité, de se nommer et de se présenter aux autres en tant que lesbienne dans une époque de transformation des normes sexuelles et affectives, tant du point de vue de l’homosexualité que de l’hétérosexualité, et dans un contexte de semi-légalisation des couples de même sexe ?
À partir d’une enquête sociologique par entretiens, menés auprès d’une trentaine de lesbiennes, cette intervention se propose de rendre compte de la construction contemporaine du lesbianisme en s’appuyant sur des expériences décrivant les manières de se nommer, les pratiques et les manières d’être en couple et la composition du script sexuel. Se pencher sur les modes d’autodéfinition permet de comprendre comment les lesbiennes se construisent pour elles-mêmes, et comment elles se définissent face aux autres, dans le contexte de l’émergence d’une nouvelle exigence de vérité et d’un « impératif de l’expression » de soi.

Les expériences ainsi retracées permettent de faire émerger une réalité peu traitée en sciences sociales à partir des questions suivantes : Comment les lesbiennes se pensent à partir de l’autonomination ? Comment se définit-on lesbienne dans un contexte hétérosexiste ? Et par quel processus peut-on se penser et se présenter aux autres ? Comment définit-on le couple quand la référence à la différence des sexes et aux normes de genre n’est pas le référent principal ? Comment les lesbiennes se situent-elles dans la sexualité et éventuellement s’emparent ou se séparent des normes hétérosexuelles ? Comment se découpent les séquences et les dialogues qui composent les scénarios sexuels ? Comment les éléments normatifs de la sexualité hétérosexuelle et les attitudes organisées – dans lesquelles les femmes sont soumises à un système de pouvoir –, sont-ils réorganisés dans les récits sexuels des lesbiennes ? Autrement dit, le fait d’occuper une position de marge face au cadre hétéronormatif permet-il d’inventer de nouvelles relations ?

Bio/bibliographie

Natacha Chetcuti est sociologue et docteure en anthropologie sociale. Elle est actuellement rattachée à l’INSERM à Paris, où elle effectue un postdoctorat au sein du Centre de recherche en Épidémiologie et Santé des populations. Outre Se dire Lesbienne : Vie en couple, sexualité et représentation de soi (Payot, 2010), elle a publié de nombreux articles et codirigé les ouvrages Violences envers les femmes : Trois pas en avant, deux pas en arrière ! Réflexions autour d’une enquête en France (avec Maryse Jaspard,L’Harmattan, 2007) et Lesbianisme et féminisme. Histoires (L’Harmattan, 2003, avec Claire Michard). Natacha Chetcuti fait partie du comité de rédaction de Genre, sexualité et société et a dirigé, avec Cécile Chartrain, le premier numéro de cette revue sur le thème « Lesbianisme : théories, politiques et expériences sociales ». Elle est aussi membre du comité de rédaction des Cahiers du Cedref.