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Incertitudes des sexes et des genres dans des sociétés ethnographiées. Pouvons-nous parler d’intersexualité ailleurs que dans l’Occident contemporain ?

Publié le 17 décembre 2012 Mis à jour le 29 septembre 2023

17 décembre

Avec le soutien de la Faculté des Sciences sociales et politiques et de l’Institut de sociologie de l’Université libre de Bruxelles

Rommel Mendès-Leite
(Université Louis Lumière Lyon 2)

Salle Henri Janne (15ème étage)

Résumé
Utiliser la notion d’intersexualité en référence aux sociétés non-occidentales ou non-contemporaines pose question. En effet, cette notion renvoie aux progrès scientifiques nécessaires à son apparition dans les discours occidentaux contemporains (seconde moitié du XXe siècle). Elle désigne alors des problèmes génétiques ou hormonaux, dont quelques-uns sont associés à une ambiguïté génitale repérable.
Or, la connaissance des gènes et des hormones est un phénomène occidental et
récent. Ailleurs, l’intersexualité n’est appréhendée qu’à partir de ses conséquences visibles et des réponses culturelles (catégorie singulière de genre, statut particulier) y sont parfois associées. Il s'agit donc d’un phénomène complexe empêchant l’utilisation des catégories occidentales contemporaines, au risque d’ethnocentrisme et d’anachronisme.
Néanmoins, les témoignages d’individus occupant des rôles inexistants dans notre système de genre les associent aux catégories occidentales de transsexualisme ou d’intersexualité. Partiales, ces observations ne nous autorisent pas à affirmer si ces « catégories natives » sont à corréler à une dissonance psychique entre sexe et genre (transsexualisme) ou à une ambiguïté génitale (intersexualité).

Nous développerons ces questions à partir de la littérature sur les mahus (Polynésie), les hijras (Inde), les sipiniit (Inuits) et les berdaches (amérindiens), que nous mettrons en rapport avec d’interviews auprès des personnes intersexuées en Europe.

Bio/bibliographie
Sociologue et anthropologue franco-brésilien, Rommel Mendès-Leite est maître de conférences en psychologie sociale à l’Université Lumière Lyon 2, où il appartient au Centre Louise Labé et au Centre Max Weber. Il est également le directeur de la collection « SeXualitéS » aux Presses universitaires de Lyon.

Ses travaux portent sur le genre, les sexualités, les identités et la santé, avec des terrains en France, au Brésil, en Afrique du Sud, en Espagne et au Portugal. Parmi ses nombreux articles et ouvrages scientifiques, on peut citer Vivre avec le VIH (avec Maks Banens), Le sens de l’altérité. Penser les homosexualités, Chroniques socio-anthropologiques au temps du sida (avec Pierre-Olivier de Busscher et Bruno Proth), Bisexualité, le dernier tabou (avec la collaboration de Catherine Deschamps et Bruno Proth) et Gay Studies from the French Cultures. Voices from France, Belgium, Brazil, Canada and the Netherlands (dirigé avec Pierre-Olivier de Busscher). Rommel Mendes-Leite prépare actuellement un nouveau livre, De Franco à Zapatero. Une histoire du mouvement gay et lesbien en Espagne, à paraître aux éditions Egales (Madrid). Il mène aussi des recherches sur le coming out des jeunes homosexuels après la légalisation du pacs en France et sur le vieillissement des personnes séropositives.