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  5. 2012

La validation des compétences d’un « métier qui n’existe pas » : le difficile processus de reconnaissance dans les métiers du care

Publié le 13 novembre 2012 Mis à jour le 29 septembre 2023

13 novembre

Céline Mahieu
(Université libre de Bruxelles)
Salle Henri Janne (15ème étage)

Résumé
Les métiers du care qui mettent le travailleur/la travailleuse en relation avec des personnes dépendantes (enfants, malades, personnes âgées, etc.), métiers majoritairement exercés par des femmes, souffrent généralement d’un manque de reconnaissance. Ceci tient à leur ancrage historique dans la sphère domestique, au déclassement social qui frappe les personnes dépendantes (et par extension ceux qui les soignent), à leur traditionnelle prise en charge par les femmes à titre gratuit, et à l’éthique du particulier (par opposition à l’éthique de l’universel) qui caractérise ces métiers (Tronto, 2009 ; Gilligan, 2008). Cette tendance s’enracine aussi en partie dans l’attitude des professionnels eux-mêmes et de la société en général qui considèrent qu’il y aurait « une part indicible et indiscutable de compétences, voire d’aptitudes personnelles renvoyant le plus souvent à des dimensions psychoaffectives, ne nécessitant pas d’apprentissage autrement qu’un apprentissage expérientiel » (Maubant, Caselles-Desjardins, Roger, Mercier, & Gravel, 2010).

C’est ce processus de disqualification (Paugam, 2001) d’un métier (l’aide logistique en collectivité) que nous nous attacherons à présenter tel qu’il s’observe dans le dispositif dit de « validation des compétences » mis en place en Belgique francophone dans le champ de la formation professionnelle. Ce dispositif a pour objectif initial de permettre à des personnes peu qualifiées mais disposant d’une expérience professionnelle dans un métier donné de voir celle-ci reconnue par un titre officiel au terme d’une évaluation standardisée. Cette évaluation repose sur une épreuve conçue par des professionnels du secteur, qui représentent les différentes parties prenantes au dispositif (syndicats, fédérations patronales, organismes de formation, services publics de l’emploi). Les professionnels réunis au sein de la commission de « l’aide logistique en collectivité » manifestent les obstacles à l’objectivation du métier dont ils sont chargés d’élaborer les référentiels et l’épreuve de validation, allant jusqu’à conclure qu’il s’agit d’un « métier qui n’existe pas ». Cette communication présentera, à partir de cet exemple, les ressorts de cette « invisibilité ».

Bio/bibliographie
Céline Mahieu est docteure en sociologie et chercheuse à l’Ecole de Santé Publique de l’ULB (Centre de Recherche Interdisciplinaire en approches Sociales de la Santé). Elle y effectue un post-doctorat sur la thématique du bien-être au travail dans les PME des secteurs de service. Sa thèse de doctorat (2010, Le maillage des espaces de qualification. Production d'une théorie enracinée à partir du cas de la validation des compétences, UCL), analyse les transformations des systèmes de qualification en Belgique francophone.