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Diagnostic prénatal: histoire d'une biomedicalisation 'genrée'

Publié le 13 juin 2013 Mis à jour le 29 septembre 2023

13 juin

Organisé avec Sophia

Ilana Löwy
(INSERM)

Discutante: Mylène Botbol-Baum (UCL)

Amazone, Rue du Méridien 10
1210 - Bruxelles

Résumé

Ma communication retracera brièvement l'histoire du diagnostic prénatal (DPN), une technologie médicale nouvelle, née de la rencontre de quatre innovations médicales: la ponction amniotique, les études de caryotype, les recherches sur des marqueurs biochimiques de la grossesse et l'échographie obstétricale, avec une innovation sociale, la libéralisation de l'avortement. Le propos s'intéressera plus spécifiquement aux conditions de la transformation du DNP, au départ une démarche proposée uniquement aux femmes perçues comme ayant un risque élevé de donner naissance à un enfant atteint d'une malformation congénitale, en une technique médicale de routine proposée à la grande majorité des femmes enceintes. Certaines innovations dans le domaine de la reproduction, telles la fertilisation in vitro, la gestation pour l'autrui ou le diagnostic préimplantatoire, ont eu une très grande visibilité publique. Par contre, la généralisation du DPN, une innovation biomédicale qui a profondément modifié l'expérience de grossesse des millions des femmes en mettant un grand nombre de celles-ci face à des choix difficiles, fut un processus quasi invisible. Mon intervention se penchera sur les facteurs qui ont favorisé la diffusion 'silencieuse' du DPN, tels les efforts pour identifier des fœtus trisomiques et réduire le nombre d’handicapés dans la société.

Parcours de recherche

Biologiste de formation, j’ai travaillé pendant dix ans dans un laboratoire d’immunologie cellulaire (à l’Institut Pasteur) avant d’acquérir une formation en histoire des sciences. J’ai étudié l’histoire de la transplantions des organes, les "sciences pasteuriennes" - la bactériologie, l’immunologie et la virologie et de la médecine tropicale, notamment le développement des sciences biomédicales au Brésil. Je me suis intéressée en parallèle aux études de genre, en travaillant sur les sujets tels l’assistance médicale à la reproduction, l’histoire de la contraception, ou les utilisations des hormones sexuelles comme médicaments. Je me suis penchée récemment sur l’histoire de la notion du risque cancéreux, notamment celui du risque de cancers féminins, ainsi qu’à celle des efforts de limiter un tel risque. En outre, j’étudie depuis longtemps l’épistémologie de Ludwik Fleck, un penseur qui a élaboré entre les deux guerres une approche hautement originelle à l’étude des sciences, toujours d’actualité aujourd’hui. Toutes mes recherches ont une trame commune : elles se focalisent sur les pratiques matérielles des chercheurs et des médecins, les rapports entre le laboratoire, la clinique et l’industrie, et les intersections entre science, société et politique.

Ouvrages publiés :

  • Ilana Löwy, L'Emprise de genre: Masculinité, Féminité, Inégalité , Paris: La Dispute, 2006.
  • Ilana Löwy et Catherine Marry, Pour en finir avec la domination masculine: de A à Z, Le Seuil: Empecheurs de penser en rond, 2007.
  • Ilana Löwy, Preventive Strikes: Women, Precancer and Prophylactic Surgery, Johns Hopkins University Press, 2009.
  • Ilana Löwy, A Woman's Disease: A History of Cervical Cancer, Oxford University Press 2011.
  • Delphine Gardey and Ilana Löwy (eds.) L'invention du naturel: Les sciences et la fabrication du masculin et du feminin, Paris: Archives d'Histoire Contemporaine, 2000.
  • Ilana Löwy & Hélène Rouch (eds), La distinction entre sexe et genre: Une historie entre biologie et culture, Paris: L'Harmattan , 2003.