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  5. 2013

Genre et mobilité dans la cité : les violences et le sentiment d'insécurité comme modalités de contrôle social sexué

Publié le 23 mai 2013 Mis à jour le 29 septembre 2023

23 mai

Marylène Lieber
(Université de Genève)

Abstract
La question de la mobilité des femmes dans la cité est une question récurrente, sur laquelle l'actualité récente nous pousse à nous interroger. Les femmes peuvent-elles se déplacer dans les espaces publics sans restriction ? Les femmes et les hommes sont-ils égaux en la matière ? Obesrve-t-on des différences entre les femmes à cet égard ? En se basant sur une étude de terrain effectuée en France au début des années 2000, cette conférence entend traiter des violences à l'encontre des femmes dans les espaces publics et des stratégies que ces dernières développent pour se mouvoir en toute sécurité. En effet, la peur de subir des violences a une incidence sur la mobilité et l'autonomie des femmes, quel que soit leur âge ou leur catégorie sociale. Pensée en termes de genre, cette peur apparaît non pas comme le reflet d'une vulnérabilité plus grande des femmes, qui serait propre à leur sexe, mais comme le fruit de rapports de pouvoir inhérents aux rapports sociaux de sexe. Si les violences à l'encontre des femmes sont le plus souvent le fait de proches dans l'espace domestique, de nombreux actes « anodins » dans l’espace public, comme des remarques ou des attouchements viennent rappeler aux femmes qu’elles sont vulnérables « en tant que femmes », et permettent d'expliquer les peurs qu'elles ressentent lorsqu’elles déambulent en dehors de chez elles. Ces actes constituent en effet des formes de violence à l’encontre des femmes, trop rarement appréhendées. Ils participent à l’incorporation de discours qui construisent les femmes comme « vulnérables » et comme physiquement impuissantes face aux hommes et aux violences sexuelles.

Biographie
Marylène Lieber est sociologue, Professeure en études genre à l'Université de Genève. Ses travaux portent d'une part sur la façon dont le genre interfère avec les politiques de sécurité et plus particulièrement sur le traitement institutionnel réservé aux violences faites aux femmes (en France et en Suisse). D'autre part, elle s'intéresse aux violences dans les espace publics, avec une attention particulière sur les entraves à la mobilité des femmes. Elle a publié aux Presses de Sciences Po en 2008, Genre, violences et espaces publics : la vulnérabilité des femmes en question ou dans les cahiers du genre, en 2011, « Ce qui compte et ce qui ne compte pas. Usage des statistiques dans les politiques locales de sécurité en France ».