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  5. 2013

Penser le savoir queer avec et sans Foucault

Publié le 12 novembre 2013 Mis à jour le 29 septembre 2023

12 novembre

Massimo Prearo
(Università degli studi di Verona/Ecole des hautes en sciences sociales-Paris)

ULB, Institut de Sociologie, Salle Henri Janne (15ème étage)

Abstract
Au moment où elle irrigue les espaces académiques en études genre et sexualité, la théorie queer est souvent considérée comme l’héritage laissé par Michel Foucault, et notamment par ces réflexions sur le sujet et le pouvoir. Pourtant, une généalogie de la théorie queer en tant que « politique de l’expérience » reste encore à faire. Autrement dit, si la voie foucauldienne du queer a été et est encore très amplement discutée et travaillée, la voie expérientielle du queer telle que formulée dans les productions politiques et poétiques de Guy Hocquenghem, Mario Mieli, Monique Wittig et Teresa de Lauretis, notamment, demeure une région inexplorée des études sur le genre et la sexualité. Comment alors saisir la mise en discours du queer comme expérience ?
Entre la fin des années 1980 et le début des années 1990, en pleine épidémie du sida, un groupe de personnes soucieuses de faire œuvre de témoignage et de mémoire historiques lance une grande enquête nationale en Grande Bretagne, la National Lesbian & Gay Survey. Cette enquête (N=250) a permis de recueillir des documents autobiographiques et réflexifs particulièrement riches de gays et de lesbiennes produisant un savoir ancré dans l’expérience et le vécu de leur homosexualité. Ces discours donnent à voir une forme expérientielle d’un savoir qui se définit alors comme queer et qui ouvre sur une autre histoire de la théorie queer. Il s’agira ici, dans une approche généalogique de saisir le fondement expérientiel du queer, avec et sans Foucault.

Biographie
Massimo Prearo est docteur en Études Politiques de l’EHESS (Paris). Sa thèse sur la construction d’un mouvement inter-associatif LGBT en France sera publiée prochainement. Il a travaillé pendant quatre ans au Centre LGBT de Paris, où il a réalisé des recherches approfondies sur l’histoire et l’actualité du mouvement français. Il est également traducteur de l’ouvrage de Mario Mieli, Éléments de critique homosexuelle, Paris, EPEL, 2008, et rédacteur en chef de la revue Genre, sexualité & société. Il a été Visiting research fellow à l’University of Sussex au Centre for the Study of the Sexual Dissidence et est actuellement Marie Curie Fellow à l’Université de Vérone, où il conduit des recherches sur les mouvements LGBT italiens.