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  5. 2014

Faire le genre, faire le capitalisme: Travailleuses domestiques migrantes et théorie critique féministe

Publié le 6 mars 2014 Mis à jour le 25 septembre 2023

6 mars

Anna Safuta
(FNRS-UCL)

ULB, Institut de Sociologie, Salle Henri Janne (15ème étage), Bâtiment S
Avenue Jeanne, 44, 1050 Bruxelles

Abstract
Titres-services en Belgique, chèques emploi service universels (CESU) en France, crédits d’impôt sur les services domestiques en Suède, au Danemark et en Finlande – on parle beaucoup ces dernières années des tentatives des autorités publiques de sortir le travail domestique rémunéré de l’illégalité, en le professionnalisant. Mais si le problème était abordé autrement? Nous allons nous pencher sur la personnalisation des relations de travail entre travailleuses domestiques migrantes et les particuliers qui les emploient au noir. Quelles fonctions cette personnalisation remplit-elle pour les travailleuses? Les chercheuses anglo-saxonnes qui ont étudié les services domestiques assurés par des migrantes dans les années 1990 et au début des années 2000 (Anderson 2000; Hondagneu-Sotelo 2001; Lan 2003, 2007; Parreñas 2001; Romero 1992) étaient d’avis que les employeurs personnalisaient la relation d’emploi pour mieux exploiter les travailleuses (les culpabiliser pour qu’elles travaillent plus et/ou plus longtemps par exemple). Mais qu’en est-il des travailleuses elles-mêmes? Choisissent-elles de personnaliser uniquement pour en tirer des avantages matériels ou la personnalisation remplit-elle aussi d’autres fonctions? Sur base de 35 entretiens avec des migrantes qui travaillent comme femmes de ménage et/ou s’occupent de personnes âgées à Bruxelles ou à Varsovie (Pologne), nous allons nuancer les conclusions de ces premières recherches sur les services domestiques assurés par des migrantes. A partir de là, nous interrogerons les tensions paradigmatiques et méthodologiques qui traversent la recherche féministe aujourd’hui. Nancy Fraser (2009) a-t-elle raison de dénoncer le « tournant culturel » de la théorie féministe contemporaine? La recherche féministe est-elle aujourd’hui devenue « simplement culturelle » (Butler 1997), ne s’intéressant qu’au discours et perdant de vue les aspects matériels de l’oppression de genre?

Bio-bibliography
Anna Safuta est aspirante FNRS à l’Université catholique de Louvain et à l’Université Goethe de Francfort-sur-le-Main. Sa thèse en sociologie étudie la personnalisation des relations entre travailleuses domestiques migrantes et les particuliers qui les emploient au noir. Mis à part le travail domestique et de care, Anna s’intéresse à l’histoire et à l’actualité des migrations féminines et aux transformations contemporaines du capitalisme et de l’Etat-providence. Anna travaille également à la diffusion des études de genre en Belgique en tant que co-secrétaire de Grabuges (Groupe belge associatif et interuniversitaire en études féministes, de genre et sur les sexualités).