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Habemus Gender ! Déconstruction d’une riposte religieuse

Publié le 15 mai 2014 Mis à jour le 25 septembre 2023

15 et 16 mai

Colloque international
Avec le soutien du Recteur, des Facultés de Droit, de Philosophie et Lettres et des Sciences sociales et politiques, de l’Institut de Sociologie, du Centre Philixte et de l’Union des Anciens Etudiants de l’ULB ;
Du Fonds de la Recherche scientifique (FRS-FNRS) et de l’Association belge francophone de science politique (ABSP) ;
De la Fédération Wallonie-Bruxelles, de la COCOF, de la Ville de Bruxelles et du Centre d’Action laïque et de l'Institut pour l'Egalité des Femmes et des Hommes.

Au cours des derniers mois, les mobilisations françaises contre l’ouverture du mariage et de l’adoption aux unions de même sexe ont défrayé la chronique, tant en France qu’à l’étranger. Celles-ci ont révélé l’existence d’un mouvement sans précédent, dont l’agenda dépasse largement le cadre de la loi adoptée en 2013. En effet, ces opposants ne refusent pas seulement le droit de se marier ou de devenir parents aux couples homosexuels, mais dénoncent aussi ce qu’ils appellent l’« idéologie » ou la « théorie du gender ». Selon eux, cette « idéologie/théorie », qui nierait l’altérité sexuelle et refuserait de penser les relations entre hommes et femmes sur le mode de la complémentarité, constituerait une dangereuse menace pour l’humanité. Pour cette raison, la Manif pour tous et les autres groupes appartenant à cette mouvance ont élargi leur champ d’action et se mobilisent par exemple contre l’enseignement du genre dans les écoles ou à l’université.

Si l’opposition à l’« idéologie/théorie du gender » a pris des allures spectaculaires dans l’Hexagone, on la retrouve aujourd’hui dans un grand nombre de pays. Prenant des formes diverses selon les contextes nationaux, elle se manifeste aussi au sein d’institutions internationales telles que l’Union européenne ou l’ONU (une institution particulièrement décriée par ces acteurs depuis la conférence de Bejing). À partir d’une relecture d’auteurs tels que Judith Butler, John Money ou Robert Stoller, l’« idéologie/théorie du gender » offre un cadre analytique permettant de dénoncer les détournements de langage auxquels se livreraient indistinctement théoricien-ne-s du genre, militant-e-s féministes et activistes LGBT et d’embrasser ces trois ennemis de manière simultanée. L’« idéologie/théorie du gender » constitue ainsi un outil puissant de contre-offensive idéologique et un instrument de lutte contre les avancées en termes de droits.

Ce discours est particulièrement présent au sein de l’Église catholique qui, des communautés locales aux plus hautes instances de la hiérarchie vaticane, dénonce avec chaque fois plus de véhémence les méfaits supposés du « gender ». Comme en témoigne le Lexique des termes ambigus et controversés sur la famille, la vie et les questions éthiques élaboré par le Conseil pontifical de la famille en étroite collaboration avec la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (2003), le genre constitue en effet un sujet de croissante préoccupation pour les autorités de l’Église, qui veulent s’opposer avec urgence aux progrès des études de genre, des combats féministes et des luttes homosexuelles. D’ailleurs, depuis Jean-Paul II, le Vatican a joué un rôle clé dans l’élaboration et la diffusion du discours sur l’« idéologie/théorie du gender », qui se retrouve aujourd’hui aux quatre coins de la planète.

S’inscrivant dans les engagements de l’Université libre de Bruxelles depuis sa fondation en 1834, ce colloque international souhaite mieux comprendre ce discours et la manière dont il se diffuse. Résolument pluridisciplinaire, il poursuit quatre objectifs :

1. Étudier la genèse et les fondements du discours sur l’« idéologie/théorie du gender », ainsi que les différents domaines dans lesquels il se manifeste
2. Retracer les canaux et les mécanismes de diffusion de ce discours ainsi que les stratégies dans lesquelles il s’inscrit, dans un contexte tant national que supra ou transnational
3. Explorer les conditions dans lesquelles ce discours fonctionne et les raisons de son succès dans certaines sociétés ou institutions internationales
4. Étudier les alliances et les transferts entre religions.

Plusieurs keynote speakers ont confirmé leur présence :
Mary Anne Case (University of Chicago), Éric Fassin (Université Paris VIII), Camille Robcis (Cornell University), Joke Swiebel (Former Chair of the European Parliament LGBT Rights Intergroup) et Mieke Verloo (Radboud Universiteit Nijmegen).

Le colloque se tiendra en français et en anglais sans traduction.

Responsables
Valérie Piette,
Sages, Faculté de Philosophie et Lettres, vpiette@ulb.ac.be
David Paternotte,
Atelier Genre(s) et Sexualité(s), Faculté des sciences sociales et politiques, david.paternotte@ulb.ac.be

Comité d’organisation
Mylène Botbol-Baum (UCL), Annalisa Casini (ULB), Stéphanie Loriaux (ULB), Anne Morelli (ULB), Valérie Piette (ULB), David Paternotte (ULB), Nicolas Thirion (ULg), Sophie van der Dussen (FNRS/ULB), Cécile Vanderpelen-Diagre (ULB).

Comité scientifique
Mylène Botbol-Baum (UCL), Annalisa Casini (ULB), Nicole Gallus (ULB), Stéphanie Loriaux (ULB), Bérengère Marques-Pereira (ULB), Anne Morelli (ULB), Nouria Ouali (ULB), Valérie Piette (ULB), David Paternotte (ULB), Cécile Vanderpelen-Digre (ULB).

Lieu
Centre interdisciplinaire d’étude des religions et de la laïcité (CIERL)
Avenue Roosevelt, 17
1050 Bruxelles

Droit d’entrée
2 jours : 15 euros
1 jour : 10 euros
Séance plénière du 15 mai à 18h : gratuit
Étudiants et chômeurs : gratuit

Programme du colloque/Conference program

Jeudi 15 mai 2014/Thursday 15 May 2014

8.30 – 9.00
Accueil/Welcome

09.00 – 10.00
Ouverture/Opening

Grande salle
Allocutions d’ouverture et introduction/Opening addresses and introduction
• 9h00-9h10 : Ouverture et Accueil : Valérie Piette
• 9h10-9h15 : Annemie Schaus, Vice-Rectrice à la politique académique et à la gestion des carrières
• 9h15-9h20 : Manuel Couvreur, Doyen de la Faculté de Philosophie et Lettres
• 9h20-9h25 : Jean-Michel De Waele, Doyen de la Faculté des Sciences sociales et politiques
• 9h25-9h30 : Andrée Puttemans, Doyenne de la Faculté de Droit
• 9h30-9h35 : Michel Pasteel, Directeur de l’Institut pour l’Egalité des Femmes et des Hommes
• 9h35-9h40 : Alexandra Adriaenssens, Directrice de la Direction de l’Egalité des Chances, Fédération Wallonie-Bruxelles
• 9h40-9h45 : Benoît Van der Meerschen,Directeur de la Cellule Etude & Stratégie,Centre d'Action Laïque
• 9h45-9h50 : Eddy Caekelberghs, Président de l’Union des Anciens Etudiants de l’ULB
• 9h50-10h00 : Présentation du colloque par David Paternotte

10.00-12.00
Session plénière 1 Habemus Gender ! Qu’est-ce que l’« idéologie du genre » ?
Plenary session 1 Habemus Gender ! What is the « ideology of gender »?
Grande salle
Présidence : David Paternotte (Université libre de Bruxelles)
• Joke Swiebel (Former Chair of the European Parliament LGBT Rights Intergroup)
• Mary-Anne Case (University of Chicago) Gender Anathemitized
• Éric Fassin (Université Paris VIII) Gender and the Democratic Problem of Universals. The Politics of Anthropology, Biology, and Theology

12.00 – 13.30: Lunch

13.30 – 15.00
Session 1 : Paroles d’Eglise/The Church Speaks
Grande salle
Présidente/Chair : Anne Morelli (Université libre de Bruxelles)
• Odile Fillod Le Vatican et l’invocation des sciences biomédicales contre « le gender » : analyse d’un raté signifiant
• Anthony Favier (Université Lyon 2/Sciences Po Paris) Le positionnement complexe des théologiens qui souhaitent faire dialoguer études de genre et catholicisme (France, années 2010).
• Pascale Vielle (Université catholique de Louvain) Une perspective de genre sur le travail dans la doctrine sociale de l’Eglise catholique

15.00 - 15.30: Café & thé/Coffee & tea

15.30 – 17.00: Session 2

Session 2A: Genèse(s)/Genesis
Grande salle
Présidente/Chair : Bérengère Marques-Pereira (Université libre de Bruxelles)
• Romain Carnac (École Pratique des Hautes Études) Le « genre » avant la lettre: (ré)émergence et consolidation du thème de la différence sexuelle dans les discours magistériels de l’après-concile (1965-2000)
• Juliette Masquelier (Université libre de Bruxelles) Quand la contestation vient de l’intérieur : les associations féministes et gays catholiques face à la construction de l’ « idéologie du genre »
• Cécile Vanderpelen-Diagre (Université libre de Bruxelles), Emilie Brébant (Université libre de Bruxelles) « Ceci n'est pas une opinion » : Le discours des nouveaux militants anti-IVG sur le corps de la femme (France et Belgique, 1990-2013)

Session 2B: Butler, papesse du genre ?/Butler, the gender papess ?
Salle Victoria
Présidente/Chair : Annalisa Casini (Université libre de Bruxelles)
• Mylene Botbol Baum (Université catholique de Louvain) Au-delà de la subjection aux croyances: avec Butler défaire et resignifier le Gender
• Amal Guha (Modyco, CNRS UMR7114/Université Paris Ouest Nanterre) Genèse du genre : comment la citationnalité du genre peut bousculer le débat créationniste.
• Nathalie Grandjean (Université de Namur) Habemus gender : à quoi tient l’idéologie hétéronormative

18.00 – 20.00
Session plénière 2 L’« idéologie du gender » made in France
Plenary Session 2 « Gender Ideology » Made in France
Maison des Anciens Etudiants de l’ULB
Campus de la Plaine – Accès n°4
Boulevard du Triomphe – CP 235
1050 Bruxelles

Présidence : Valérie Piette (Université libre de Bruxelles)
• Jacqueline Heinen (Université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines) La différence de sexe érigée en norme. Sus au concept de ‘gender’ !
• Camille Robcis (Cornell University) Gender, Gay Marriage, and the Turn to the Human

Vendredi 16 mai 2014/Vendredi 16 May 2014

9.30 – 11.00: Session 3

Session 3A : Mobilisations en tous genres /Mobilizations of all kinds
Grande salle
Présidente/Chair : Mylène Botbol Baum (Université catholique de Louvain)
• Céline Béraud (Université de Caen, IUF) La mobilisation contre le mariage pour tous, un front commun des religions ?
• Joan Stavo-Debauge (Université catholique de Louvain), Marta Roca i Escoda (Université de Lausanne) Les contre-mobilisations comme vecteurs de dé-mobilisation des droits
• Martina Avanza (Université de Lausanne) Mobilisations anti-gender et milieux catholiques pro-life en Italie

Session 3B : Une vocation universelle/ A universal vocation
Salle Victoria
Présidente/Chair : Nicole Gallus (Université libre de Bruxelles)
• Emmanuelle Bribosia (Université libre de Bruxelles), Isabelle Rorive (Université libre de Bruxelles) La rhétorique des droits de l’Homme aux prises avec les mouvements religieux
• Laura Van den Eynde (Université libre de Bruxelles) References to Gender Ideology in Arguments Submitted to Courts: An Analysis of the Discourse of Interest Groups Before the U.S. Supreme Court and the European Court of Human Rights.

11.00 – 11.30: Café & thé/Coffee & Tea

11.30 – 13.00: Session 4
Session 4A : Action/réaction/Action/Reaction
Grande salle
Présidente/Chair : Monique Weis(Université libre de Bruxelles)
• Wannes Dupont (Universiteit Antwerpen) Ecce Ancilla Nationis. The church as the handmaiden of a pro-natalist raison d’état
• JT (Université Paris 8) Diffusion de la dénonciation de « l’idéologie du genre » et consécration de nouvelles « autorités religieuses ». Les blogueurs de la « cathosphère » française : L’exemple de Koztoujours
• José Ignacio Pichardo Galán (Universidad Complutense de Madrid), Mónica Cornejo Valle (Universidad Complutense de Madrid) « Gender theory » as a political counter-attack against LGBT and women’s rights in Spain

Session 4B : Marianne et l’Oncle Sam/Marianne and Uncle Sam
Salle Victoria
Présidente/Chair : Nouria Ouali (Université libre de Bruxelles)
• Florence Rochefort (CNRS)« Mariage pour tous » : genre, religions et sécularisation
• Véronique Pronovost (Université du Québec à Montréal) La droite chrétienne américaine et la « théorie du genre » : Le cas du mouvement des centres d’aide à la grossesse
• Jean-François Brault (Université Paris VIII/EHESS/EPHE) Le catholicisme français : une minorité religieuse d’un genre à part.

13.00 – 14.00: Lunch

14.00 – 16.00: Session 5

Session 5A : Réactions en chaîne/Chain reactions
Grande salle
Présidente/Chair : Sophie van der Dussen (Université libre de Bruxelles)
• Marylène Lapalus (Université Lyon 2) Les stratégies du discours sur « la ideología del género » contre la violence de genre au Mexique
• Sara Garbagnoli (Ecole des hautes études en sciences sociales) Performance et performativité de la « théorie du genre » entre France et Italie. Déclinaisons nationales d'un discours réactionnaire transnational
• Jonatan Cruz Angeles (Universidad de Jaén/Université de Paris Ouest Nanterre) Doctrine espagnole de l’« idéologie du genre »/Droit égal au mariage : veni, vidi, vici?
• Natacha Chetcuti (GTM/CRESSPA) De la critique des « théories du gender » à une médiatisation de l’égalité des genres : Emancipation sexuelle et conflit des interprétations du principe de laïcité en France.

Session 5B : (Dés)instruction publique/Public (Dis)instruction
Salle Victoria
Présidente/Chair : Stéphanie Loriaux (Université libre de Bruxelles)
• Francesca Arena (Telemme, Université Aix-Marseille), Perrine Lachenal (Idemec, Université Aix-Marseille) Des manuels scolaires qui fâchent : retour sur la tentative française d’« enseigner » le genre
• Caroline Dayer (Université de Genève) Du genre à tout faire. Mise en perspective du contexte suisse
• Mona Zegaï (Université Paris 8) Travailler sur la socialisation de genre par les jouets à l’heure de la « théorie du genre »
• Julie De Ganck (Fonds national de la recherche scientifique/Université libre de Bruxelles) « Les seins m’en tombent ! » Retour sur l’expérience d’une historienne de l’intersexualité

16.00 – 16.30
Conclusions

• Bérengère Marques-Pereira (Université libre de Bruxelles)
• Anne Morelli (Université libre de Bruxelles)
• Mieke Verloo (Radboud Universiteit Nijmegen)