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La différence des sexes en débat
17 novembre
Bruno PERREAU, chargé de conférences à Sciences Po. (IEP), Paris, doctorant à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne
Dans le cadre des MIDIS DE L’INSTITUT DE SOCIOLOGIE "La vie sociale et politique belge"
Discutant : David BERLINER, professeur associé à la Central European University, Budapest, Hongrie, chargé de recherches FNRS, Centre d’Anthropologie Culturelle, Institut de Sociologie
Présentation : Firouzeh NAHAVANDI, directrice de l’Institut de Sociologie
Alors qu’au sortir de la seconde guerre mondiale, le droit distingue explicitement les hommes et les femmes en leur attribuant des droits et devoirs différents, la catégorie de sexe n’existe plus guère aujourd’hui que dans l’état-civil : lorsqu’elle est présente, c’est le plus souvent a contrario à travers une série de dispositifs anti-discriminatoires dont l’objet est précisément d’éliminer les différences de traitement entre les sexes. Pourtant, il ne suffit pas de considérer isolément la situation juridique des hommes d’une part et des femmes d’autre part. L’entre-deux n’est lui-même pas neutre : la définition des catégories est éminemment relationnelle, et, loin de constituer un fondement religieux, naturel ou symbolique de la citoyenneté, le travail de la différence en constitue la production même.
En France, l’analyse des débats sur le PaCS, l’adoption homoparentale ou le mariage transsexuel a mis en exergue le poids d’une véritable expertise sociale de la différence des sexes: tant au niveau législatif (consultations en commissions parlementaires, débat public etc.) qu’au niveau des pratiques individuelles (enquêtes psychologiques en vue de la délivrance de l’agrément pour adoption, entretiens dans le cas de l’accouchement sous X etc.), les politiques familiales puisent désormais dans le champ scientifique pour légitimer leur action. Mais, quelle est la validité de l’observation du statut des sexes en anthropologie ou en sociologie dans le champ politique ? Le constat des différences entre les sexes ne recouvre-il pas la dynamique de production politique du droit ?
La démocratie postmoderne, confrontée à sa réflexivité, entre ainsi dans une vaine poursuite de ses transcendances perdues. L’avenir de la différence des sexes n’est-il pas au contraire celui de leur différance ? Ou comment ouvrir un espace catégoriel mobile, où les sexes diffèrent librement et que de cette historicité retrouvée émerge dialectiquement leur pleine égalité.
Bio/Bibliographie
Chargé de conférences à Sciences Po depuis 2000, Bruno Perreau conduit plusieurs enseignements en « Politique Comparée », « Institutions européennes » et « Droit des collectivités territoriales ». Il y dirigera également avec Françoise Gaspard, à partir du printemps 2006, un séminaire intitulé : « Homosexualités et politique ». Il a par ailleurs été attaché temporaire d’enseignement et de recherche à la faculté de droit de l’université Paris XII (2001-2003).
Au sein du Centre de Recherches Politiques de la Sorbonne (université Paris I), il achève actuellement un doctorat en science politique en réalisant une étude archéologique du genre dans les processus de politisation, à partir du cas de l’action publique de l’adoption en France de 1945 à nos jours.
Il a récemment publié Homosexualité. 10 clefs pour comprendre, 20 textes à découvrir (Éd. Librio, 2005). Deux ouvrages sont à paraître prochainement sous sa direction : Le choix de l’homosexualité. Recherches inédites sur la question gay et lesbienne (Éd. Pepper, à paraître) et, avec Anne Cadoret, Martine Gross et Caroline Mécary, Homoparentalités. Approches scientifiques et politiques (Presses Universitaires de France, 2006).
Il est l’auteur de nombreux articles parmi lesquels : « Faut-il brûler Legendre ? La fable du péril symbolique et de la police familiale », Vacarme, n°23, automne 2003 ; « L’égalité inavouable. Homosexualité et adoption en France : une politique publique jurisprudentielle», Nouvelles Questions Féministes, vol. 22, n°3, novembre 2003 ; « L’invention républicaine. Éléments d’une herméneutique minoritaire », Pouvoirs, n°111, novembre 2004 ; « Charles Fourier ou l’analyse sérielle du genre », in Michel Lallement, Jacqueline Laufer, Pascale Molinier, Épistémologies du genre (Éd. Armand Colin, 2006) ; « Façons de classer. Statistiques textuelles et analyse instrumentale de l’action publique », in Virginie Guiraudon, Pascale Laborier, Stéphane Nahrath, L’analyse des politiques publiques entre sciences des modèles et sciences de l’enquête (à paraître, 2006).
L’impact émotif et cognitif des insultes homophobes : comparaison entre étiquettes catégorielles et dérogatoires
14 novembre
Andrea Carnaghi, Università degli Studi di Padova, Département de Psychologie du Développement et de la Socialisation
Les chercheurs en cognition sociale sont rarement parvenus à démontrer un quelconque effet négatif produit pas l’utilisation d’étiquettes humiliantes, tels les insultes, sur l’évaluation de membres appartenant au groupe ciblé.
Nous avons conçu une série d’études dont les résultats suggèrent que les insultes auraient, au contraire, un effet particulièrement marquant sur les réactions de type affectives du percevant concernant le groupe minoritaire ciblé, effet qui de lors se produiraient de manière automatique, non contrôlée.
Quatre études montrent en effet que les insultes : (a) provoquent des associations plus négatives, (b) font diminuer la probabilité d'oser s’approcher physiquement à la cible, (c) éveillent des pensées sémantiquement mais non stéréotypiquement hostiles concernant le groupe ciblé et (d) affectent d’avantage les membres du groupe majoritaire plutôt que ceux du groupe concerné. En conclusion, par rapport aux études précédentes, celles que nous avons menées suggèrent que les insultes auraient des conséquences cognitives importantes bien que ces effets aient été observé à des niveaux implicite indépendant du contrôle conscient de la personne.
Réf : Carnaghi, A. et Maass, A. (in press). "Derogatory Language in Intergroup Context: Are “Gay” and “Fag” Synonymous? ", in Y. Kashima, K. Fiedler, & P. Freytag (Eds). Stereotype Dynamics: Language-Based Approaches to Stereotype Formation, Maintenance, and Transformation, Mahwah, NJ: Laurence Erlbaum Associates.